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M'Hamed DJELLID (1943-1990) |
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Par B.Lechlech
Le premier contact direct que j’ai eu avec A. Alloula était durant la fête du 8 mars de l’année 1988 exactement. C’était à la ‘’Commune’’, alors que j’étais cadre clandestin incognito depuis presque une dizaine d’années et que lui était une grande personnalité publique , notoirement connue. Au milieu de plusieurs camarades et sympathisant(e)s du PAGS, j’avais assisté à la fête avec ma compagne (ma future épouse), en me tenant discret au vu de mon statut par rapport aux autres.
A la fin, comme A. Alloula était à l’époque le seul véhiculé parmi nous, il avait tenu sans discussion de notre part à nous ramener chez nous, comme il l’avait fait avec tous les autres qui habitaient loin. Alors que nous avions emprunté , avec sa petite R 4 beige le chemin indiqué par moi , j’étais obligé de lui mentir sur mon adresse (ma planque), en ‘’respectant ‘’ les règles de la clandestinité. M. Djellid son complice avait dû lui parler de moi parce que je le connaissais mieux depuis 1975/76 et chez qui j’avais plusieurs fois passé la nuit.
En 1989, pendant la sortie à la légalité, alors qu’avec Abdelkader on passait à côté de chez moi, non loin de chez lui, je l’avais invité à prendre un café. Il m’avait questionné d’un air étonné si je venais de déménager ! Je lui avais expliqué que j’étais obligé de l’induire en erreur. En rentrant chez moi, il avait remarqué que je ne disposais que d’une table avec quatre chaises et d’un matelas par terre avec une couverture dans mon deux pièces-cuisine au vieux patio de ce vieil quartier située presque en plein centre ville et que je venais juste d’acquérir au début de l’année 1988 dans le cadre de ma permanisation politico-organique projetée depuis 1986.
Dans notre quartier populaire, ex. Saint Pierre (Yaghmorassen), j’avais alors pris l’initiative de regrouper les camarades qui y habitaient en cellule malgré le fait que nous appartenions chacun à des collectifs différents. Alloula lui appartenait au collectif ‘’J.M.L’’ (Jean-Marie Larribère) avec de fortes personnalités comme M’hamed Djellid, Messaoud Benyoucef...et moi j’appartenais à la toute nouvelle fédération (Sidi Bel Abbés, Tlemcen et Aïn Temouchent) tout en habitant Oran. Et comme le collectif de notre propre fédération devait se réunir une fois chez moi, A. Alloula avait donné instruction ferme à ‘’Bida’’ sa mère de mettre à ma disposition tout ce dont j’avais besoin (matelas,couvertures,oreillers,ustensiles) pour accueillir le vieux Ahmed Abbad et d’autres camarades. Et notre petite cellule informelle de quartier comprenait en plus de nous deux , M. Morsli (ancien du Vietnam)dont le personnage (Khelifa )a été représenté dans sa pièce théâtrale ‘’El Lithem’’, et quelques autres militants.
Une fois, en l’année 1988, A. Alloula m’avait sollicité pour rencontrer un personnage mythique dont il avait entendu parler dans l’histoire du PCA et qu’il avait représenté dans sa pièce théâtrale ‘’Ladjouad’’, en l’occurrence Berrahou Mejdoub. Nous avions emprunté avec sa petite R 4 le chemin de Tlemcen et Ochba avec d’autres camarades qu’on avait pris sur notre chemin. Nous , nous avions comme d’habitude acheté des fruits et gâteaux pour notre vieil camarade Cheikh, alors qu’Abdelkader cachait empaqueté un coran qu’il lui avait offert! Ils avaient rigolé pleinement comme des gosses en se racontant plein d’anecdotes populaires ;le vétéran communiste paysan devait décéder quelques mois après une longue paralysie.
La relation s’était solidifiée entre nous par des échanges politiques et intellectuels. Je lui avais fait lire les mémoires de Mohamed Badsi et pleins de contributions sur l’histoire et un projet de thèse sur l’histoire de la musique algérienne. Notre attachement commun à Bachir Hadj Ali, son combat et ses œuvres avait cimenté le lien entre nous deux. Ainsi A. Alloula avait beaucoup apprécié mes écrits sur Saoût Echaâb, celui de B. Hadj Ali le musicologue et Kaddour Belkaïm le martyr précoce du PCA. Et une fois,il m’avait offert un livre neuf comme cadeau édité par le CNRS sur la vie de LENINE écrit alors par Léon Trotski ! J’avais été membre de la coordination régionale éphémère du parti qui se réunissait à l’ex.ruede la Bastille au début de la légalité et j’étais chargé aussi de l’organe central (SEC) à l’échelle régionale (Ouest).
Entre temps le PAGS, notre parti était entré dans la tourmente, j’avais pris mes distances avec l’appareil et le poste de responsabilité politico-organique, en restant simplement militant de base et me consacrant plus à ma passion refoulée de la musique pendant la clandestinité , en plus de l’histoire , en restant très actif politiquement là où je vivais et travaillais.
En septembre 1992, je venais d’intégrer le nouveau Palais de la culture d’Oran et plus précisément son école de musique dont j’avais pris la responsabilité pédagogique. De nouveau nos chemins, celui de A. Alloula et le mien se sont croisés. J’avais là sous ma responsabilité directe ‘’les trois filles de Alloula’’, Riheb sa vraie fille, Yasmine et Cherifa ses deux nièces âgées toutes à peine de 10 ans. Et j’invitais chaque fin d’année Abdelkader aux auditions de fin de cycle avec les autres parents d’élèves. Je m’occupais particulièrement de Riheb qui faisait piano ( Méthode Rose, accordage du vieux piano de ‘’Bida’’...), moi -même j’étais pianiste (pianOranais) depuis mon enfance. La petite étude sur le piano à quart de ton que j’avais élaboré et édité avait marqué A. Alloula qui prenait conscience de son importance, comme il avait pris conscience de la Halqa auparavant dans le domaine théâtrale au contact des masses populaires.
Avec l’évolution dangereuse de la situation, notamment après l’assassinat du Chahid Mohamed Boudiaf, A. Alloula au sein du groupe d’El Bahia ( un cadre d’alliance patriotique) avait non seulement organisé en plein centre ville la cérémonie du 40éme jour, mais baptisé la rue dans laquelle il habitait (rue de Mostaganem) en rue Mohamed Boudiaf dés 1993 en qualité de conseiller culturel de Merouane Henni le DEC d’Oran. Auparavant, i l avait été membre du conseil culturel consultatif que présidait par A.Benhadouga.
Toujours en 1993, j’avais initié un nouvel hommage à Bachir Hadj Ali en invitant Lucette sa femme et baptisant l’annexe de recherche sur la musique algérienne que je dirigeais en son nom, au sein du Palais de la culture d’Oran. Elle était alors hébergée chez Bida la mère de A. Alloula pendant quelques jours et mangeait chez nous deux, Abdelkader ayant plus d’espace dans l’appartement familial.
C’est à partir de ce moment que le centre de gravité de l’activité culturelle et artistique s’était déplacée au Palais de la culture qui était devenu le moteur dynamisant le reste des structures et la vie artistique oranaise. Ce n’était pas du tout fortuit, car nous avions élaboré une stratégie culturelle de combat contre l’intégrisme par l’art et la culture. Et c’est à partir de ce temps là que A. Alloula fréquentait plus le Palais de la culture que le T.R.O et nous avions formé un duo politico-artistique alors que le PAGS venait d’être dissous en janvier 1993 et que nous n’avions pas suivi Ettahadi, tout en restant unitaire sur ce qui nous unissait avec ses militants...Les futurs initiateurs du PADS avait préféré prendre contact avec le réseau de feu M.B. Bachir dit ‘Ami paradoxalement, lui qui était lié à Fethi Bouchenak ; ce dernier ayant rejoint le groupe dit du F.A.M.
Les assassinats d’anciens militants du PAGS avaient déjà bien commencé et le danger devenait imminent. Dans un climat de désarroi, d’ébranlement de l’idéal communiste et de reniement, la résistance sur les divers fronts n’était pas chose facile. A Oran, grande ville commençaient alors à affluer vite ceux qui fuyaient malgré eux le danger de mort venant des petites villes et villages. Nous étions ainsi chargés de l’organisation de la solidarité avec nos anciens camarades.
Comme je venais juste de me marier en 1989 à la légalité, j’avais un bébé : Bachir né en fin 1991 sous ma responsabilité, avec comme conséquence directe, sa mère tombée dans la maladie chronique depuis sa naissance. Et lorsque je l’emmenais parfois avec moi chez Bida, il était gâté aussi bien par elle que par Abdelkader qui adorait particulièrement tous les petits enfants. Et comme notre quartier était chaud, à côté de la mosquée dite de Cavaignac chaque vendredi matin nous partions ailleurs à cause des accrochages entre les islamistes et les forces de sécurité qui utilisaient le lacrymogène dont la fumée parvenait jusqu’à l’intérieur de notre chambre. Il y’avait de facto une dualité du pouvoir qui s’installait progressivement, comme je l’avais souligné dans ma contribution envoyée à la conférence dite d’information des cadres du mois d’août de l’année 1990.
A.Alloula avait écrit la pièce ‘’Ettafeh’’offerte par lui à Blaha Benmeziane et Sirat Boumediene qui venaient de créer leur propre coopérative pour les aider à bien démarrer et le Palais de la culture finança sa production. Tandis que lui il adapta ‘’Arlequin’’ qui avait connu une grande diffusion télévisée en plus de la tournée nationale de sa propre coopérative. Toujours en cette année 1993, il avait été trop médiatisé dans une émission consacrée à son parcours artistique de dramaturge, metteur en scène et comédien.
Sur un plan politico-idéologique tout le bouleversement mondial n’avait pas ébranlé ses profondes convictions communistes. J’avais pris alors l’initiative d’organiser les artisans-artistes de diverses spécialités pour les lier au Palais de la culture par convention en mettant à leur disposition des espaces pour des expositions-ventes permanentes; et une rumeur circula que nous livrions des magasins à des privés dans le cadre de la politique de l’économie de marché. Il s’inquiéta auprès de moi, et j’avais dû le mettre au courant de la démarche que je pilotais en personne, en l’assurant que c’étaient des producteurs dans leurs propres ateliers qu’une commission spéciale vérifiait sur le terrain... Ainsi nous donnions un contenu non capitaliste à cette notion économique qui supplanta officiellement l’option socialiste.
En sa qualité de conseiller culturel de la municipalité d’Oran, il avait entrepris la rénovation et l’exploitation du moindre espace pour l’activité culturelle, à l’exemple de la salle ‘’Marhaba’’, espace ‘’ Souiah Lahouari ’’,etc...Et aussi il se distingua dans la sphère sociale, en particulier avec les enfants cancéreux. Il faut dire tout simplement que c’était dans sa nature ( le don de soi ) ; il se plaisait à venir en aide aux démunis, aux malheureux, aux handicapés, SDF...
Sur un plan familial, on ne peut le comprendre sans saisir le type particulier de relation avec sa mère Bida (diminutif de Zoubida fait par ses petits-enfants). Il gérait tous les conflits de sa grande famille, malgré toutes les contradictions et désaccords dus à la diversité d’opinions, de convictions.Et il imposait un mode de vie austère chez lui à quiconque. Paradoxalement sa mort regrettée par tous libérera la satisfaction de multiples besoins et envies enfuis chez les membres qui partageaient son foyer au sens large dans la même grande maison. La porte sonnait à tout moment pour recevoir une chikaya, une demande d’aide, une médiation dans un conflit, le sourd-muet, le mendiant, le camarade venu de loin.
Depuis que j’ai connu A. Alloula qui me présenta à Bida, j’avais réussi à nouer une relation particulière avec elle et une complicité tacite. Elle durera même après sa mort plus d’une décennie, avant que je ne déménage du quartier et qu’elle ne meurt en 2008, lorsque je me trouvais résident à Tlemcen. Mais je visitais régulièrement sa tombe avec celle d’Abdelkader.
Oran, le 14 mars 2014
B.Lechlech
Note : l’auteur parle du Parti de l’Avant-Garde Socialiste (PAGS) dont il fut cadre clandestin.
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Un hommage sera rendu prochainement par un groupe de ses amis à Djelid M'hamed né le 18 aout 1943 à El Asnam décédé le 19 décembre 1990. si vous avez des coupures des textes photos ou vos témoignages seront les bienvenues a envoyer sur email djamelrou@yahoo.fr merci à vous toutes et à tous |
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Hommage à M’Hamed DJELLID décédé à l’âge de 47 ans le 19 décembre 1990
De nombreuses figures et personnalités algériennes connues pour leur engagement politique pour une Algérie libre démocratique et sociale, une fois qu'ils ont quitté notre monde , ont été vite oublié.
Et parmi ces figures, il y en a une très particulière qui a marqué la vie d'Oran de l'indépendance jusqu'à sa disparition en 1990.
Il a été le militant de tous les combats politiques démocratiques du JFLN à l'UNEA au PAGS
il a été de toutes les luttes syndicales,ouvrière des dockers,des cheminots et travailleurs de la commune et notamment les éboueurs
Il a été l'enseignant infatigable tout le temps accompagné par ses étudiants qui ne se lassaient jamais de l'entendre parler
et aussi l'intellectuel marxiste qui allie réflexion et action sur les mouvement sociaux et culturels.
Il a laissé un travail gigantesque sur le théatre algérien et a
Il a eu une influence important sur l'oeuvre dramaturgique de Abdelkader alloula dont il a été un fidèle ami et compagnon.
Afin de lutter contre l'oubli, ses amis et compagnons comptent lui organiser l'hommage qu'il mérite àl'occasion de l'anniversaire de sa mort qui sera commémore ce mois de décembre à Oran
Notre ami Djamel Rouani que je remercie vivement a accompli un énorme travail en réussissant à rassembler un nombre important d'écrits sur Mohamed Djellid qu'ils met à la disposition du public à travers ce site
Abdelkrim Haouari |
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