M'Hamed DJELLID (1943-1990)
   
 
  les événements d'octobre 1988 à Oran.

Oran et la LAHD

 

Chiricahua blog met en ligne un nouveau témoignage de l'ancien militant du Pags, S.A. Ouadah, qui concerne les événements d'octobre 1988 à Oran.

 

 

Le Pags était organisé jusque là en réseaux plus ou moins étanches, ce qui n'assurait pas plus de sécurité à l'ensemble de l'organisation ni ne facilitait le travail militant -deux réseaux pouvant se télescoper ou développer des stratégies différentes dans un même milieu local ou professionnel. Or le parti était parvenu à un stade de développement qui ne pouvait plus se satisfaire de ce type d'organisation. Tout le monde en était peu ou prou conscient, même si on n'avait pas les mêmes mots pour le dire. C'est dans ce contexte que se mit en place, en plusieurs étapes certes, la cellule dans laquelle nous nous sommes trouvés réunis M'hamed Djellid, Abdelkader Alloula et moi.

 

M'hamed enseignait la sociologie à l'université mais « travaillait » dans le monde ouvrier : recrutement de militants et organisation de cellules. Il activait dans trois secteurs : la commune, les docks et le BTP. En ce qui concerne les deux premiers secteurs, leur réceptivité à notre travail venait de loin. Il y a, bien sûr, l'histoire prestigieuse des dockers oranais à l'époque de la CGT (qui étaient encore dirigés dans les années 60 par feu Mohamed Boualem, militant du PCA et survivant du maquis « rouge » de Beni Boudouane, Ouarsenis, où périrent Henri Maillot et Maurice Laban aux côtés de leurs camarades arabes). Mais il y avait une raison plus récente à cela, une histoire d'art, et précisément une histoire de théâtre.

 

Éboueurs et dockers au théâtre

 

Pour le 1er Mai 1969, l'UW-UGTA (qui n'était pas encore tombée entre les mains de la mafia syndicalo-policière) avait décidé, à l'instigation de sa commission culturelle, d'organiser des manifestations artistiques pour les ouvriers et leurs familles. J'étais membre de cette commission que présidait Abderrezak Daoui, futur secrétaire national de l'UGTA dans l'équipe Demène-Debbih. Nous avons fait une « commande » à A. Alloula de la pièce de théâtre « El Alag – Les sangsues », qu'il venait d'écrire et qui n'avait pas encore été montée, et au cinéaste Zakaria d'un film inédit.

 

La pièce de Alloula fut présentée à un public d'ouvriers -où dominaient les dockers et les communaux-, venus avec leurs femmes voilées prendre place dans les travées du théâtre, pour la première fois de leur vie pour l'écrasante majorité d'entre eux. Ce fut à cette occasion que nous nouâmes avec eux -Abdelkader surtout- des rapports très étroits, véritablement fraternels.

 

Pour la petite histoire, le film de Zakaria passa à la télévision. C'était un mélodrame misérabiliste sur la condition ouvrière où l'opposition entre nantis et pauvres était illustrée par les images de deux quartiers d'Oran on ne peut plus dissemblables : Saint-Hubert, le quartier rupin, avec ses splendides villas et ses palmiers majestueux, et la Scaléra, le Barrio Bajo espagnol, en ruine. Sauf que la caméra de Zakaria avait pris dans son champ, à Saint-Hubert, la villa de Médeghri, le ministre de l'Intérieur ! 24 heures après, celui-ci déboulait dans la station régionale de la radio-télévision, fulminant. Il injuria et menaça tout le monde, y compris celui qu'il appela « le chevelu -Bouch'our », dont il allait s'occuper -dit-il. (Mais si l'on doit en croire les gens de la station, il aurait dit textuellement « Et quant à votre chevelu, je vais lui b... sa mère !») Le « chevelu » était, bien entendu, le ministre de la Communication, Ahmed Taleb. (C'est dire en quelle considération la camarilla d'Oujda tenait ses propres ministres !)

 

 

Des petits chefs et de leurs pratiques

 

Sans le savoir, nous avions, à nous trois, fait une expérience originale : en combinant l'activité spécifique de chacun d'entre nous -le théâtre pour Abdelkader, le politique pour M'hamed et le syndicalisme pour moi-, nous avions ouvert un champ très prometteur pour élargir l'implantation du parti dans le milieu ouvrier. Bien des années après, nous insistâmes auprès de Abdelhamid Benzine pour être organiquement réunis. Ce qui fut finalement accepté, non sans tergiversations de la part d'un responsable local suspicieux avec lequel les points de friction furent très nombreux. Il faut dire qu'il agissait souvent à l'emporte-pièce ; sous le coup de l'humeur, il prenait, seul, des décisions irréfléchies. À titre d'illustration, il décida, un jour, après des accrochages sérieux entre eux, de couper M'hamed de tout lien avec le parti. C'est moi qui l'ai « récupéré », de mon propre chef. Des années auparavant, il avait décidé subitement et sans s'en expliquer avec moi, que je devais cesser toute activité dans les syndicats et à l'intersyndicale. Comment aurais-je pu justifier pareille chose auprès de mes camarades de lutte dans les syndicats ? Cela faisait si longtemps que j'y militais.

 

Pour la petite histoire, j'avais participé à la mise en place de la première section du SAE (Syndicat algérien des enseignants) en janvier 1962, à l'école Pasteur, dans le quartier de M'dina Jdida. L'OAS tira, ce jour-là, au mortier sur le quartier et deux obus s'abattirent justement dans la cour de l'école où nous étions encore réunis. Par ailleurs, la première action que nous avions menée fut une grève des cours pour exiger que nous soyons payés, nos traitements ne nous étant pas parvenus depuis des mois. L'OAS avait désorganisé le réseau de distribution postale en empêchant que les quartiers arabes fussent desservis. Et ce fut un inspecteur arabe de l'enseignement qui fut chargé par l'académie de nous payer en espèces !

 

Et surtout comment justifier ce qui serait apparu comme un lâchage aux yeux de mes camarades de l'intersyndicale -dont j'étais l'un des fondateurs et le partisan le plus enthousiaste ? Avec le recul du temps, j'en suis arrivé à penser que c'était bien l'intersyndicale qui gênait certains responsables du parti, les dogmatiques, ceux qui étaient incapables de saisir les nuances et modulations tactiques que doit nécessairement suivre la mise en œuvre d'une ligne politique générale. C'était là une décision trop grave pour être laissée à la prérogative de quelqu'un d'impulsif. J'en avisai, alors, le responsable du suivi des syndicats au secrétariat du CC du parti, Saoudi Abdelaziz, que je rencontrais assez régulièrement dans le cadre des luttes syndicales et que j'avais en hautes estime et amitié. Sa réponse fut claire et nette : « Il n'en est pas question ! » Je demeurai donc à mon poste de lutte syndical, au grand dam du chef local. www.algerieinfos-saoudi.com/article-document-les-evenements-d-octobre-1988-a-oran-104628852.html

 

M'Hamed DJELLID (1943-1990)
 
Un hommage sera rendu prochainement par un groupe de ses amis à Djelid M'hamed né le 18 aout 1943 à El Asnam décédé le 19 décembre 1990. si vous avez des coupures des textes photos ou vos témoignages seront les bienvenues a envoyer sur email djamelrou@yahoo.fr merci à vous toutes et à tous
M'Hamed DJELLID (1943-1990)
 
Hommage à M’Hamed DJELLID décédé à l’âge de 47 ans le 19 décembre 1990
De nombreuses figures et personnalités algériennes connues pour leur engagement politique pour une Algérie libre démocratique et sociale, une fois qu'ils ont quitté notre monde , ont été vite oublié.
Et parmi ces figures, il y en a une très particulière qui a marqué la vie d'Oran de l'indépendance jusqu'à sa disparition en 1990.
Il a été le militant de tous les combats politiques démocratiques du JFLN à l'UNEA au PAGS
il a été de toutes les luttes syndicales,ouvrière des dockers,des cheminots et travailleurs de la commune et notamment les éboueurs
Il a été l'enseignant infatigable tout le temps accompagné par ses étudiants qui ne se lassaient jamais de l'entendre parler
et aussi l'intellectuel marxiste qui allie réflexion et action sur les mouvement sociaux et culturels.
Il a laissé un travail gigantesque sur le théatre algérien et a
Il a eu une influence important sur l'oeuvre dramaturgique de Abdelkader alloula dont il a été un fidèle ami et compagnon.
Afin de lutter contre l'oubli, ses amis et compagnons comptent lui organiser l'hommage qu'il mérite àl'occasion de l'anniversaire de sa mort qui sera commémore ce mois de décembre à Oran
Notre ami Djamel Rouani que je remercie vivement a accompli un énorme travail en réussissant à rassembler un nombre important d'écrits sur Mohamed Djellid qu'ils met à la disposition du public à travers ce site
Abdelkrim Haouari
 
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